Opérations de terrain - Études de matériel - Études épigraphiques |
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Les céramiques importées de la maison d’Ourtenou |
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Fragment de figurine mycénienne en Psi (RS 94.5078), dessin Mission de Ras Shamra. |
L’étude en cours des céramiques importées retrouvées dans la maison d’Ourtenou montre qu’elles sont représentatives des types déjà bien attestés à Ougarit au Bronze récent. L’assemblage est principalement constitué de céramiques chypriotes, parmi lesquelles la classe des milk bowls en White Slip Ware II et II-final est la plus nombreuse, viennent ensuite quelques bilbils et des bols en Base Ring Ware, ainsi que quelques bols en Monochrome Ware. Le nombre relativement élevé de White Slip Ware II-final de la maison et de la tombe vient confirmer une phase d’utilisation de la maison et de la tombe au moment de la fin du royaume d’Ougarit. L’assemblage des céramiques mycéniennes est proche de celui retrouvé dans les autres maisons de la ville. Cependant, il faut noter un nombre élevé de grands vases, et surtout l’ensemble le plus important de cratères à chars retrouvés jusqu’ici dans une seule maison. En effet, sur une cinquantaine de ces vases connus à Ougarit, cinq exemplaires proviennent de la maison. |
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Cratère mycénien (RS 94.9297+) dessin Mission de Ras Shamra. |
Photographie du même cratère mycénien, |
Le sondage de l’Acropole : le temple de Dagan Michel Al-Maqdissi et Caroline Sauvage |
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Plan de l’acropole en 1935 (d’après Schaeffer 1936, pl. XXXVI) En pointillés. zones fouillées en 2008 télécharger le document pdf |
L’acropole, partie la plus haute du tell, fut fouillée par C. Schaeffer lors de ses premières campagnes sur le terrain entre 1929 et 1937. Dans ce secteur, C. Schaeffer dégagea, entre autres, deux temples-tours de plan similaire et ouverts au sud (temples de Baal et temple de Dagan), dont l’état actuellement visible date de la fin du Bronze récent (xiiie siècle avant J.-C). Ces deux temples, distants d’une cinquantaine de mètres, étaient reliés l’un à l’autre par deux rues est-ouest qui délimitaient un îlot d’habitation. Ces deux édifices sont probablement contemporains ; cependant, la date de leur fondation est encore débattue. C. Schaeffer proposait une date de fondation remontant au Bronze moyen et plus précisément au début du IIe millénaire (xixe-xviiie siècle avant J.-C.), principalement sur la base du matériel sorti de ses fouilles ainsi que d’après l’aspect des fondations en glacis du temple de Dagan. Précisons ici que C. Schaeffer, lorsqu’il a fouillé à l’intérieur du temple de Baal, a percé les niveaux du Bronze récent, mais qu’il n’est cependant pas arrivé partout à la base des fondations. O. Callot, dans son étude récente du secteur, propose également une datation similaire, qui se base sur le matériel retrouvé d’une part lors de l’ancienne fouille du temple de Baal (fragments de statues égyptiennes de la XIIe dynastie) et d’autre part sur le matériel retrouvé dans des sondages réalisés récemment dans les temples. Cependant, une date de fondation au début du Bronze récent, autour du xve siècle avant J.-C. peut aussi être envisagée. En effet, la tranchée effectuée par C. Schaeffer, à l’est du temple de Baal a montré qu’au moins une partie de l’acropole du Bronze moyen était occupée par une nécropole qui s’étendait probablement à l’est, peut-être jusque sous la « maison du grand prêtre ». Il est alors possible que l’acropole d’Ougarit n’ait été occupée que par cette nécropole jusqu’aux remaniements de son urbanisme, peut-être au début du Bronze récent. |
Dans le cadre d’une opération conjointe, la mission syro-française de Ras-Shamra a décidé de s’intéresser à cette question. Le but de l’opération est donc de comprendre la fondation et l’implantation des temples dans le paysage urbain. Encadraient-ils, au Bronze moyen, la nécropole d’Ougarit ? Ont-ils été fondés sur cette nécropole après son abandon, à un moment où le secteur fut urbanisé ? Sont-ils contemporains de la construction de l’îlot qui les sépare ? Bibliographie : |
Vue des loci 212 et 210 (arrière-plan) depuis le Sud vers le Nord, Maison dite de Yabninou |
Détail du plan de la Maison dite de Yabninou publié par J.-C. Courtois (Syria 1990). |
Dans deux loci – 216 et 219 –, la fouille a été de plus grande envergure. D’après les rapports préliminaires du fouilleur, de nombreux vases en céramique avaient été retrouvés dans ces deux espaces, dont des vases de stockage de grandes dimensions comme l’indiquait le plan publié dans Syria 1990. |
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Ce travail sur le terrain viendra compléter celui déjà réalisé, en 1995, par Sophie Marchegay sur les deux tombes du bâtiment. |
Vue des pithoi in situ dans le locus 216 |
Références bibliographiques : |
Les ors du palais royal d'Ougarit Francesca Onnis |
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Dans le cadre du programme de recherche sur le mobilier du palais royal d’Ougarit (resp. V. Matoïan), destiné à la publication du matériel des fouilles anciennes de Cl. Schaeffer, s’insère l’étude de l’orfèvrerie, commencée à l’automne 2008. Les objets en or sont pour l’essentiel conservés au musée national de Damas et proviennent de différents secteurs du palais royal. Leur inventaire a d’ors et déjà montré que la collection est plus riche et variée que ne le montre la seule lecture des rapports préliminaires du fouilleur. |
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Placage ajouré en or (probablement pour meubles) en forme d’aile, provenant du palais royal d’Ougarit. (© V. Matoïan – Mission de Ras Shamra). |
Deux principales catégories d’objets sont représentées : les placages ornementaux et les bijoux. Les placages étaient destinés à embellir des supports faits dans un autre matériau, plus ou moins précieux : bois, ivoire, ou métal moins noble. D’après les dimensions conservées des pièces, on peut supposer que ces placages étaient appliqués soit sur des petits objets, soit sur des objets de dimensions plus conséquentes, comme des meubles. Les placages étaient découpés dans des feuilles d’or obtenues par martelage et leurs aspects de même que leurs modes de fixation étaient variés. Ils pouvaient recouvrir les objets, partiellement ou dans leur totalité. Sous forme de plaques, ils étaient fixés sur des surfaces planes et parfois encadrés. Quelques plaques présentent un décor ajouré, comme on peut l’observer sur la plaque en forme d’aile de la photographie. Certains placages portent des décors. Les motifs ornementaux sont obtenus par un travail combinant ciselure et repoussé. |
Les bijoux en or du palais royal sont, eux aussi, de divers types : pendentifs, perles, mais aussi boucles d’oreilles, bagues… Les perles sont majoritaires. Elles sont tantôt entièrement en or, tantôt le métal précieux est façonné pour permettre la suspension d’une perle en pierre. Il semble y avoir aussi des ornements de tissus ou de vêtements, comme des pendeloques et des boutons. Les objets en or du palais royal sont fabriqués au moyen de procédés divers. Néanmoins, il faut remarquer une nette préférence pour le travail des feuilles d’or par martelage, la feuille d’or pouvant être employée non seulement pour des placages, ce qui est peu étonnant, mais aussi pour nombre de bijoux. Par ailleurs, une série de détails techniques sont communs à plusieurs types d’objets. Ceci confère une forte unité technique pour une large part de la collection et laisse penser à une même production artisanale, très probablement le fruit de la tradition locale ougaritaine. |
L'industrie textile Valérie Matoïan et Juan-Pablo Vita |
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Les textiles, leur fabrication et leur utilisation, ont occupé une place non négligeable en Syrie dans les sociétés de l’âge du Bronze. L’étude des textiles est riche d’enseignements car elle conduit à s’interroger sur la société, sa culture, ses productions, son économie, voire sur la religion. Ougarit offre une documentation de premier ordre pour l’étude de la fabrication et de l’utilisation des textiles au Levant à la fin de l’âge du Bronze. Bibliographique : |
Les textes administratifs en langue ougaritique des Archives Est Juan-Pablo Vita |
Un total de 248 textes et fragments de genres divers a été trouvé dans les Archives Est du palais royal d’Ougarit, notamment des lettres, des documents juridiques et économiques, ainsi que quelques textes religieux et littéraires. La plupart des documents sont rédigés en accadien et en ougaritique, quelques-uns sont en hourrite ou en égyptien. Il y a en tout 166 textes en ougaritique et 82 en accadien. Les textes économiques sont les plus nombreux : 123 textes, soit 49,5 % du corpus. 106 sont rédigés en ougaritique, 17 en accadien. La grande majorité des textes administratifs ougaritiques ont été trouvés, au cours de la quinzième campagne, puis de la dix-septième et proviennent des différentes pièces de l’archive. Les sujets traités par ces documents concernent une grande variété de questions, notamment des listes de personnes, de métiers et de villes du royaume, des rations alimentaires, des transactions diverses de terres, de produits agricoles, de textiles, d’armement, d’argent. Ch. Virolleaud, dans Le Palais Royal d’Ugarit II (Paris, 1957), publia 72 des textes administratifs ougaritiques. Ces textes furent repris par M. Dietrich, O. Loretz et J. Sanmartín, dans Die keilalphabetischen Texte aus Ugarit. Teil 1: Transkription (Neukirchen-Vluyn, 1976), qui en ajoutaient 33 nouveaux provenant de cette archive. Un texte fut également publié par M. Dietrich et O. Loretz, Die Elfenbeininschriften und S-Texte aus Ugarit (Neukirchen-Vluyn, 1976). Tous ces documents furent réédités dans des éditions postérieures du corpus ougaritique (J.-L. Cunchillos et J.-P. Vita, Textos ugaríticos, Madrid 1993 ; M. Dietrich, O. Loretz et J. Sanmartín, Cuneiform Alphabetic Texts from Ugarit, Ras Ibn Hani and Other Places, Münster 1995). Pour Le Palais Royal d’Ugarit II (Paris, 1957), Virolleaud travaillait encore sur les tablettes originales. La qualité de ses lectures est donc généralement remarquable. Néanmoins, après 53 ans, son travail peut être amélioré et mis à jour sur plusieurs points. Il en résulte que les textes administratifs de cette archive, comme c’est le cas de tous les documents administratifs en langue ougaritique, ne se trouvent à la portée que d’un nombre assez restreint de spécialistes ougaritologues. Les principaux objectifs d’une réédition des textes administratifs en langue ougaritique ont déjà été exposés par P. Bordreuil et D. Pardee dans plusieurs publications : a) offrir une base épigraphique sûre des textes ; b) rendre une base paléographique exacte pour ce genre de recherches ; c) donner des traductions mises à jour, qui reflètent les progrès atteints par l’ougaritologie depuis les dernières décennies ; d) achever une édition qui permette la diffusion de ces textes au-delà du cercle restreint des ougaritologues. Nous ajouterions encore les objectifs suivants : e) recomposer les dossiers présents dans ces Archives, en tenant aussi compte du lieu de trouvaille des tablettes ; f) tenter de mieux comprendre la nature et la fonction de ces Archives, en tenant compte également des données d’ordre archéologique (voire à ce propos les diverses contributions dans Matoïan 2008) ; g) intégrer dans l’étude les textes administratifs en langue accadienne de ces archives ; h) insérer le plus possible dans la recherche les données d’ordre social et économique du monde qui entourait Ougarit, y compris le monde mycénien. Bibliographie : |
Paléographie des textes idéo-syllabiques mis au jour à Ras Shamra/Ougarit Françoise Ernst-Pradal |
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Il s’agit là d’un chantier à long terme, destiné à rendre compte des différentes variantes des signes cunéiformes idéo-syllabiques telles qu’elles apparaissent sur les tablettes découvertes à Ras Shamra/Ougarit. Pour lui donner tout son sens, il fallait l’affranchir des inconvénients liés aux transcriptions et travailler à partir des originaux. Longtemps, ce projet n’a pu se réaliser en raison de la dispersion des tablettes entre les grands musées de Paris, Damas et Alep, pour la majorité d’entre elles, ceux de Lattaquié et Tartous, pour quelques unes, sans oublier un petit nombre appartenant à des collections en Belgique, aux Etats-Unis et en Norvège.
A l’issue de ce classement, les signes de même valeur sont alors confrontés entre eux de manière à ce que s’organisent, d’après les différences que le regard appréhende, des catégories dont le niveau de pertinence peut être analysé en fonction de ce que l’on recherche : mains de scribe, datation, origine, traditions, formations, évolutions, genre, etc. Bibliographie : |