Le royaume d’Ougarit
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Histoire du royaume
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Histoire des écritures
Littérature
La religion
Les pratiques funéraires
Les tombes à chambre construites
Yves CALVET
avec la participation de Caroline Sauvage


Dès la première campagne de fouille fut révélé l’intérêt exceptionnel du site de ras Shamra grâce à la découverte d’une série de textes inscrits en caractères cunéiformes sur des tablettes d’argile dans une langue jusque-là inconnue. Les années qui suivirent ont permis d’une part l’extension du chantier et la découverte d’une ville, que l’on a dès lors identifiée comme l’ancienne Ougarit, capitale d’un royaume du même nom, au Bronze récent. Cette ville comprend, bien sûr, des habitations, mais aussi des palais, des temples, tout un réseau de rues, etc.

D’autre part ces fouilles ont fait progresser nos connaissances sur ce petit royaume, qui possédait sa propre langue, l’ougaritique (groupe des langues ouest-sémitiques). Cette langue utilise un système d’écriture particulier : le cunéiforme alphabétique. Celui-ci a servi à noter des comptes, des archives, une riche correspondance entre marchands, ainsi qu’un ensemble exceptionnel de textes mythologiques. Il est destiné à un usage interne au pays d’Ougarit. Mais les documents qui témoignent des relations du royaume d’Ougarit avec ses voisins plus ou moins lointains (Babylonie, Assyrie, empire hittite, petits états du Levant, Égypte, Chypre, etc.) sont rédigés en akkadien, la langue internationale de l’époque, qui utilise le système d’écriture cunéiforme syllabique, originaire de Mésopotamie.

Les fouilles ont fourni naturellement un grand nombre d’objets de la vie quotidienne (céramique, outils, parures…) qui nous apprennent beaucoup sur la civilisation du Levant ancien. Il s’agit souvent d’objets humbles, mais les documents exceptionnels sont aussi très nombreux (vases en or, mobilier d’ivoire, stèles liées aux cultes locaux…)



 

Ces dizaines d’années de recherche ont mis au jour un nombre important de vestiges structurant l’urbanisme de la ville : palais royal, temples, quartiers d’habitations, fortifications, etc. Quelques-unes des grandes demeures, ainsi que le palais ont livré de nombreuses archives en ougaritique, mais aussi en akkadien, ainsi qu’en hittite, hourrite, égyptien, chypro-minoen.

Les vestiges archéologiques mis au jour datent principalement du deuxième millénaire avant J.C. et correspondent au royaume d’Ougarit, connu dans les archives orientales du Bronze moyen et surtout du Bronze récent.Le royaume d’Ougarit fut brutalement anéanti au début du XIIe siècle avant J.C. et la capitale ne renaîtra pas de ses cendres.

Après une brève période d’occupation misérable, le lieu est abandonné et l’on ne connaît qu’une installation modeste à partir du 5e siècle av. J.-C. sur le sommet du tell, en liaison avec le port connu comme Leukos Limen à l’époque hellénistique. A l’époque romaine, quelques fermes et des installations hydrauliques témoignent d’une occupation agraire de la région.

 

Le site de Minet el-Beida, correspondant à l’antique Mahadou, connue par les textes comme étant le port principal d’Ougarit, a été fouillé par Claude Schaeffer entre 1929 et 1935. Là aussi les fouilles ont mis au jour une agglomération du Bronze récent, comprenant des rues bordées de maisons avec des tombes contenant un riche mobilier, des entrepôts attestant de la dynamique commerciale du site (importation et exportation de marchandises confirmée par les textes). Des lieux de cultes ont également été reconnus. Actuellement, Minet el-Beida est un port militaire moderne ; il est interdit d’y accéder et a fortiori d’y effectuer d’éventuelles recherches. La découverte du site de Ras Ibn Hani, établi sur un cap à mi-chemin entre Ras Shamra et l’actuelle Lattaquié, est due au développement de « l’industrie touristique » dans les années 1970 (il se trouve en face de l’actuel hôtel Méridien).

Les fouilles ont permis de mettre au jour les vestiges d’une installation ougaritique, liée à la capitale. Sa création remonte au XIIIe siècle av. J.-C. Il a livré des résidences de grands personnages, liés à la famille royale (« palais nord »), ainsi que des tombes et une fortification. Par la suite, le site a été réoccupé à l’époque hellénistique au cours de laquelle il était défendu par une forteresse. Les fouilles de sauvetage, dans un premier temps, ont été suivies par des fouilles programmées, dirigées par une mission franco-syrienne (dirigée par Jacques Lagarce pour la partie française et par Adnan Bounni puis Haytham Hasan pour la partie syrienne) .